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Les premiers seigneurs portant le nom d'Arlempdes possédèrent ce fief jusqu'au XI siècle. Il passa par vente ou donation à la puissante famille des barons de Montlaur, puis par alliance aux Poitiers-Valentinois (Diane de Poitiers avait parmi ses titres celui de "Dame d'Arlempdes"), puis aux la Tour d'Auvergne, et fut ainsi racheté puis vendu par plusieurs familles. La dernière baronne d'Arlempdes, Emmanuelle de Laval, en fit don en 1933 à l'œuvre du Prado à Lyon.
L'ASACHAR (Association de Sauvegarde et d'Animation du Château d'Arlempdes) se constitue à l'initiative de Louis Bourbon et avec les descendants de la famille d'Arlempdes de Goÿs pour sauver le château de la ruine et le rachète en 1963.
L'ensemble que vous avez sous les yeux est inscrit à l'Inventaire des Monuments Historiques depuis 1926.
Nous sommes en 1429, Jeanne d'Arc a délivré Orléans de la main des Anglais avant le couronnement à Reims de Charles VII, roi de France.
Louis de Montlaur, dont la famille possède la baronnie d'Arlempdes depuis plus de deux siècles, vient de marier sa fille Anna avec Charles III de Poitiers. Un an après, Louis de Montlaur accueille les jeunes époux et leur fait les honneurs de son domaine...
- Imaginons la scène -
Un coursier descend au galop le chemin menant au bourg, annonçant aux guetteurs situés sur les remparts l'arrivée imminente de Charles III, de son épouse et de leur suite. Les trompes sonnent, chevaliers et écuyers se préparent. Louis de Montlaur s'avance avec quelques hommes d'armes vers la poterne d'entrée (XIIIe siècle) qui défend l'accès du bourg. Les lourdes portes de bois sont closes. Les guetteurs annoncent enfin que la troupe arrive en vue des remparts. On se reconnaît, la porte de bois grince et Charles III pénètre avec sa suite dans l'enceinte. Les hommes mettent pied à terre, Anna descend de la litière sur laquelle elle a fait la route depuis le Puy.
Ils sont tous fatigués, mais avant de monter au château, l'on va rendre grâces dans l'église Saint Pierre (XIe siècle, puis agrandie au XVIe) : les voyages sont si dangereux à cette époque ! La belle église romane est vite remplie et les cloches sonnent à toute volée. L'église résonne des chants de louange.
Remarquez le clocher en peigne, typique de cette région.
Le calvaire (XVe siècle) est situé à l'entrée du cimetière qui faisait à cette époque le tour de l'église.
Après cette brève cérémonie, tout le monde se dirige vers le château. Le seul chemin d'accès particulièrement exposé longe les remparts de la forteresse. Le porche renaissance (XVe siècle) n'est pas encore construit. Louis de Montlaur et Charles III atteignent la porte d'entrée (XIIIe siècle). Charles III remarque la qualité des défenses : les mâchicoulis qui surplombent l'entrée, la herse formée de mandrins horizontaux, commandés par les hommes du poste de garde installés dans la première salle à gauche en entrant.
Le blason au-dessus de la porte n'est alors pas encore celui des Poitiers que l'on voit aujourd'hui.
Sans s'attarder, les hommes montent dans les logis au-dessus du corps de garde principal situé au centre du château. Ils se rafraîchissent car la journée est chaude, le soleil commence lentement à descendre. Charles III est un peu surpris par la rusticité du logis : petit, étroit, mal éclairé et au mobilier assez sommaire. Une grosse table de bois au centre de la pièce, des tabourets carrés et lourds le long des murs séparés par un buffet haut et des coffres servant aussi de sièges. La pièce est égayée par une tapisserie grossière représentant une scène de chasse éclairée par des vitraux qui tracent des raies de lumière multicolores. Le feu dans la cheminée est éteint.
Après un repos réparateur, Louis de Montlaur fait découvrir l'enceinte à son illustre visiteur. Ils vont en premier lieu dans cette tour ronde qui sert de donjon. L'accès se fait par un escalier de bois qui donne dans une première salle où se tiennent les guetteurs. En cas d'attaque, les défenseurs du château se réfugient dans cette tour et, si nécessaire, détruisent l'escalier de bois. Louis de Montlaur et Charles III montent sur la terrasse de la tour, deux étages au-dessus de la première salle. Le paysage magnifique se révèle au soleil couchant. De là, un veilleur observe les environs, signalant tout mouvement suspect.
"- Demain nous irons chasser les sangliers et les loups qui se terrent dans les bois que vous apercevez là-bas ", propose Louis à son hôte. Les deux hommes échangent quelques propos sur la chasse puis redescendent, salués par les gardes.
Ils vont ensuite faire le tour des remparts et des courtines suivant par l'ouest le chemin de ronde et vérifiant la présence des guetteurs. Les remparts à l'est forment une ligne continue et s'appuient sur un bel éperon rocheux - éboulé au XIXe siècle. Charles admire la qualité du site : construit sur le roc et surplombant la Loire, le château et ses remparts sont imprenables - avec les armes de l'époque telles que les arcs, arbalètes, armes de jet -, sauf peut-être du côté nord où le terrain descend des prairies vers le fleuve.
Le château sera cependant pris à plusieurs reprises au cours de l'histoire, notamment pendant les guerres de religion qui vont suivre. Il le sera par la ruse plutôt que par les armes en 1585, peut-être par la porte dérobée située au nord.
Sur la cour, de jeunes garçons apprennent le maniement des armes - bâton, lance, épée- en de brefs combats à pied ou à cheval. Ils s'exercent au jeu de la quintaine qui consiste à charger avec une lance un écu - bouclier - suspendu à un poteau. D'autres font le jeu des têtes : à cheval, ils tentent de transpercer des figures attachées à un tourniquet. Louis et Charles observent avec intérêt ces exercices, puis poursuivent leur chemin.
Ils passent devant le fortin et atteignent la chapelle (XIe-XIIe siècles), située sur cette avancée rocheuse à l'est. Charles pénètre dans la chapelle romane construite en brèche rouge. Dans la pénombre il admire l'autel en bois doré et les fresques du chœur. Dans une niche, la Vierge est éclairée par la lueur d'un cierge qui projette son ombre sur les murs. Le silence et la beauté du lieu contrastent avec l'agitation qui règne à l'extérieur. Les hommes se recueillent un instant, puis rentrent au logis. Ils croisent des mules chargées de sacs de grain et de tonneaux de vin qui se dirigent vers les réserves, effarouchant au passage les volatiles de la basse-cour.
Pendant ce temps, Anna, si heureuse de retrouver sa maison natale, s'est glissée dans les cuisines à côté de la salle d'armes du corps de logis principal. Elle y retrouve les servantes qu'elle avait connues avant son mariage. Toutes surprises de cette visite, elles lui posent mille questions sur sa nouvelle destinée. L'animation est grande car ce soir un grand repas est servi en leur honneur : des légumes cuisent dans d'imposantes marmites ; gibiers et poulardes rôtissent sur de longues broches dans l'immense cheminée. Le panetier vient de sortir du four une tourte et de grosses galettes. Anna retrouve l'odeur de cette cuisine qu'elle a si bien connue lorsque, petite, elle venait chercher un peu d'affection auprès des servantes ou de sa nourrice.
Le jour baisse, on a allumé les torches à l'entrée ainsi que les chandeliers. Louis de Montlaur et ses hôtes prennent un repas de fête : le bouillon est servi dans de grands assiettes où l'on trouve pain, choux et pois mélangés. Ils utilisent comme couverts des cuillers en étain, des fourchettes à deux dents et de grands couteaux. Ils savourent ainsi rots et gibiers, boivent dans les coupes les breuvages que l'on apporte dans des cruches en terre cuite. Les pages montent les plats tandis que les écuyers servent les convives. Au cours du souper, jongleurs et ménestrels viennent divertir cette noble assemblée. Puis, Louis de Montlaur donne ses ordres pour le lendemain. À la tombée de la nuit, chacun se retire.
Le Château d'Arlempdes revient aux Poitiers à la mort de Louis de Montlaur. Ils entreprennent aux XVe et XVIe siècles une série de transformations : ils construisent le porche renaissance ; améliorent la défense par un premier mur bâti sous les remparts ; font ouvrir une cannonière à l'entrée ainsi qu'une autre dans la tour carrée des "latrines". D'autre part, trouvant le logis peu conforme à leur rang, ils construisent un nouveau logis dont il ne reste que la grand muraille nord et les fenêtres à meneaux.